mercredi 30 septembre 2009

tête de caboche


© Linda

des mots dits
ressentis
des mots vrais
qui existent
des mots pris ailleurs
que j'aie collés
sur mes pages
que j'aie fait miens
des mots
qui s'effacent
qui s'usent
qui disparaissent
des mots éphémères.

que des mots.

émulsions


©
Antoine Rousselon - écluse de poudert - 1887
















plaque au gélatino bromure d'argent - 13 x 18 cm
gelatin silver bromide plate - 5.2"x7.2"

mardi 29 septembre 2009

sous le ponton


© Tom-R

La nuit. La pluie. Un ciel blafard que déchiquette
De flèches et de tours à jour la silhouette
D'une ville gothique éteinte au lointain gris.
La plaine. Un gibet plein de pendus rabougris
Secoués par le bec avide des corneilles
Et dansant dans l'air noir des gigues nonpareilles...
Paul Verlaine - effet de nuit

dimanche 27 septembre 2009

les châtaignes


© Wynn Bullock - Palo Colorado Road - 1952






Comme je me promenais à une heure tardive dans cette allée bordée d'arbres, une châtaigne tomba à mes pieds. Le bruit qu'elle fit en éclatant, l'écho qu'il suscita en moi, et un saisissement hors de proportion avec cet incident infime, me plongèrent dans le miracle, dans l'ébriété du définitif, comme s'il n'y avait plus de questions, rien que des réponses. J'étais ivre de mille évidences inattendues, dont je ne savais que faire...
C'est ainsi que je faillis toucher au suprême. Mais je crus préférable de continuer ma promenade.
Cioran
As I walked late in the evening in this path lined with trees, a chestnut felt to my feet. The noise which it made by bursting, the echo that it created in me, and a sudden chill outside proportion with this tiny incident, plunged me into the miracle, into the drunkenness of the definitive, as if there were not questions anymore, only answers. I was drunk with one thousand unexpected evidences, about which Idin't know what to do with...
And so I've nearly touched the supreme. But I considered preferable to continue my walk.

samedi 26 septembre 2009

la rage


© Cyril Berthault-Jacquier




Dans cette insignifiante couche de muscles qui restait encore sur nos os et qui nous donnait la force de manger, de nous mouvoir, de respirer et même de scier du bois, de pelleter pierre et sable dans les brouettes et de pousser ces mêmes brouettes sur l'interminable chemin de roulage des mines d'or, sur l'étroit chemin de bois qui mène à la battée de lavage, dans cette couche de muscles il n'y avait plus de place que pour la rage, le plus vivace des sentiments humains.

© Varlam Chalamov - Récits de Kolyma

In this insignificant layer of muscles which still stayed on our bones and which gave us the strength to eat, to move us, to inhale and even to saw some wood, to scoop stone and sand in wheelbarrows and to push these same wheelbarrows on the endless road of rolling of goldmines, on the narrow wooden road which leads to the jamb of wash, in this layer of muscles there was not a place anymore than for the fury, the most long-lived of the human feelings.

samedi 12 septembre 2009